dimanche, août 22, 2004

Karl Raimund Popper

Quelques unes de nos idées préférées de Karl R. POPPER voir ici .


"(...) l'extr
émisme fatalement irrationnel, car il est déraisonnable de supposer qu'une transformation totale de l'organisation de la société puisse conduire tout de suite à un système qui fonctionne de façon convenable. Il y a toutes les chances que, faute d'expérience, de nombreuses erreurs soient commises. Elles en pourront être réparées que par une série de retouches, autrement dit par la méthode même d'interventions limitées que nous recommandons, sans quoi il faudrait à nouveau faire table rase de la société qu'on vient de reconstruire, et on se retrouverait au point de départ. Ainsi, l'esthétisme et l'extrémisme ne peuvent conduire qu'à sacrifier la raison pour se réfugier dans l'attente désespérée de miracles politiques. Ce rêve envoûtant d'un monde merveilleux n'est qu'une vision romantique. Cherchant la cité divine tantôt dans le passé, tantôt dans l'avenir, prônant le retour à la nature ou la marche vers un monde d'amour et de beauté, faisant chaque fois appel à nos sentiments et non à notre raison, il finit toujours par faire de la terre un enfer un voulant en faire un paradis."

(in: Karl R. POPPER, "La Société ouverte et ses ennemis". Tome 1: "L'ascendant de Platon". Edition: Seuil, Paris, 1979. Page: 135).

"...Mais le secret de la supériorité intellectuelle étant l'esprit critique, l'indépendance d'esprit, il en résulte des difficultés insurmontables pour toute forme d'autoritarisme, car l'autoritariste choisit en général des êtres dociles et malléables et, par conséquent, des médiocres. Il ne peut admettre que ceux qui ont le courage intellectuel de contester son pouvoir puissent être les meilleurs. "

(in: Karl R. POPPER, "La Société ouverte et ses ennemis". Tome 1: "L'ascendant de Platon". Edition: Seuil, Paris, 1979. Page: 114).

"...Cet intellectualisme moral est cependant une arme à deux tranchants. Malgré son caractère égalitaire et démocratique, repris et développé plus tard par Antisthène, il peut aisément conduire à l'autoritarisme, à cause du rôle important accordé au savoir dans l'éducation. Socrate semble avoir été tourmenté par le fait que ceux qui ne sont pas instruits, donc suffisamment sages pour connaître leurs lacunes, sont précisément ceux qui ont le plus besoin d'instruction. Aussi lui semble-t-il nécessaire qu'une autorité stimule l'ignorant pour le pousser à apprendre. Mais cet unique élément autoritaire est admirablement compensé dans son enseignement par le fait que l'action de l'autorité doit s'arrêter là. Le véritable maître ne démontre sa valeur que si, à la différence de son élève, il est capable de se critiquer lui-même. Son autorité tient à ce qu'il sait combien peu il sait. Pour Socrate, la mission éducative est en même temps politique, et c'est parce qu'il cherchait à développer le sens critique des citoyens au lieu de les flatter, qu'il se déclarait "le seul politicien de son temps".

(in: Karl R. POPPER, "La Société ouverte et ses ennemis". Tome 1: "L'ascendant de Platon". Edition: Seuil, Paris, 1979. Page: 110 - 111).